InvestissementTemps de lecture: 4 minfévrier 9, 2023

Les placements ESG : rendement à court terme c. bénéfices à long terme

Imaginons un agriculteur en train de décider des cultures qu’il sèmera dans son champ. Il a le choix entre deux types de semences : « ordinaires » ou « biologiques ». Les semences ordinaires poussent rapidement et donnent un rendement important, mais elles nécessitent des engrais et des pesticides chimiques qui peuvent nuire à l’environnement et à la santé de l’agriculteur et de sa famille. Les semences biologiques, quant à elles, poussent plus lentement et produisent un rendement moins élevé, mais elles sont cultivées sans produits chimiques nocifs et sont meilleures pour l’environnement et la santé de l’agriculteur.

Voilà une façon de décrire les placements ESG, un investissement socialement responsable axé sur les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance. Dans l’exemple ci-dessus, les semences « ordinaires » représentent les placements traditionnels, qui visent uniquement le rendement financier, tandis que les semences « biologiques » représentent les placements ESG, qui tiennent compte de l’impact environnemental et social d’une entreprise. Tout comme pour les semences ordinaires et biologiques, l’investisseur ESG doit soupeser les compromis potentiels entre le rendement financier et l’impact environnemental et social lorsqu’il prend ses décisions de placement. En fin de compte, la décision concernant les semences à planter (ou les placements à réaliser) dépend des priorités et des valeurs de chacun.

Investir dans des entreprises ESG peut être un bon moyen de gagner de l’argent tout en ayant une incidence positive nette sur la société et l’environnement. L’idéologie derrière les placements ESG, c’est qu’il ne s’agit pas uniquement de faire de l’argent, mais aussi de laisser un monde meilleur aux générations futures, un concept qui gagne en popularité depuis quelques années. Les produits de placement étiquetés ESG peuvent aider les investisseurs à prendre de meilleures décisions concernant les entreprises dans lesquelles ils investissent, en se concentrant sur celles qui s’engagent à respecter les critères ESG, tels que l’impact environnemental, l’équité, la diversité, la sécurité des travailleurs et la lutte contre le changement climatique, tout en évitant les secteurs généralement considérés comme nuisibles à la société et à l’environnement, comme la fabrication d’armes et de matériel militaire, la production de tabac, l’exploitation de combustibles fossiles, les jeux d’argent, etc.

En 2022, les placements ESG représentaient un marché d’environ trois billions de dollars, mais les inquiétudes concernant ce qu’on appelle l’écoblanchiment se sont accrues.

 

Maquiller la réalité

L’écoblanchiment est le fait de tromper les consommateurs quant aux pratiques environnementales d’une entreprise ou d’une organisation. Il s’agit d’une forme de publicité mensongère qui peut être difficile à détecter et qui est souvent utilisée par des entreprises qui veulent se faire passer pour plus respectueuses de l’environnement qu’elles ne le sont en réalité.

Voici quelques exemples des nombreuses facettes de l’écoblanchiment :

  • donner de l’argent à des organisations caritatives environnementales tout en continuant à appliquer des pratiques nuisibles à l’environnement;
  • créer un programme environnemental qui, en réalité, ne fait pas grand-chose;
  • utiliser des produits verts dans le matériel de marketing, mais pas dans les activités quotidiennes.

Les autorités financières internationales adoptent des règles afin d’empêcher les gestionnaires de fonds et autres intervenants de laisser croire à des avantages environnementaux et sociaux lorsque de telles affirmations peuvent être douteuses.

En 2022, par exemple, la Deutsche Bank (Allemagne) a fait l’objet d’une perquisition (document en anglais) à la suite d’allégations de commercialisation de produits de placement plus « écologiques » qu’ils ne l’étaient en réalité.

En janvier 2022, les Autorités canadiennes en valeurs mobilières (ACVM) ont publié de nouvelles indications sur l’information des fonds d’investissement au sujet des ESG. Le document réitère les obligations réglementaires existantes qui s’appliquent aux fonds ESG, y compris l’obligation pour les gestionnaires de divulguer les stratégies importantes ou essentielles dans leur prospectus ou aperçu du fonds, les plans visant à investir principalement dans un type particulier d’émetteur ou un secteur d’activité donné associé aux facteurs ESG et tout résultat prévu et mesurable du fonds en lien avec les facteurs ESG.

Les ACVM mettent également en garde les gestionnaires de fonds contre les affirmations exagérées ou non fondées et indiquent que les fonds dont le nom fait référence aux facteurs ESG, avec des expressions comme « vert » ou « durabilité », doivent faire mention de ces aspects dans leurs objectifs de placement.

Bien que le placement ESG ne soit pas exempt de défis et de critiques, de plus en plus d’investisseurs, notamment les plus jeunes, cherchent à aligner leurs valeurs sur leurs décisions financières. Aussi, les placements ESG ne cesseront probablement pas de croître et de se distinguer en tant que catégorie dans le paysage financier. Les investisseurs bien intentionnés doivent donc continuer à faire preuve de vigilance avant d’investir dans des placements ESG et être conscients des efforts déployés par les autorités de réglementation et les organismes de surveillance à but non lucratif pour veiller à ce que les entreprises soient responsables de leurs déclarations « vertes ».

 

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